Et c'est peu de dire que, pour cette deuxième «saison», l'écrivaine fait le choix de surprendre. A l'infinie noirceur du premier tome succède la lumière qui baigne celui-ci - une lumière un peu vacillante, se faufilant par des vitres brisées, mais une lumière quand même. La solitude dont crevaient les personnages cède la place à une drôle de solidarité... Si l'on est surpris par la douceur qui se dégage de ce tome II, si l'on ressent le manque, parfois, de l'énergie que la colère donnait au premier, force est de constater que cette douceur gagne le lecteur. Parce qu'elle n'a rien de lénifiant (pas franchement le genre de la maison Despentes) ; parce qu'elle n'amollit pas le sens de l'observation de l'auteure, la meilleure pour dire la brutalité de son époque et décrire le désarroi politique généralisé. Elle continue de nous plonger, avec une finesse sidérante, dans les têtes, les coeurs mais aussi les corps de ses personnages, qui décident de ne plus se résoudre à l'accablement. (Raphaëlle Leyris - Le Monde du 4 juin 2015)