Janvier 1917 : Raymond Aumoine se marie. A Montluçon, la place de l'église Saint-Pierre est noire de monde. On vient fêter l'un de ces aviateurs risque-tout, héros de Verdun, qui portent les derniers espoirs de l'arrière. On vient toucher du doigt ces jeunes amoureux miraculeusement réunis par la tourmente. On vient en secret rendre hommage aux siens morts au combat. Dans les yeux de Marie Aumoine, la mère, se lisent peur et résignation. Elle ose à peine se souvenir de l'été 1914 et des noces tragiques de Léon, son fils aîné, tué huit jours plus tard. Et Julien, son benjamin disparu depuis un an, n'a-t-elle pas accepté d'en faire le deuil ? C'est un pays gagné par le désespoir qui voit naître cette nouvelle année. Quatre présidents du conseil se succèdent. On tente encore de masquer l'échec de Nivelle, chef des armées, même si le nom de Pétain, son successeur, est dans toutes les bouches.