« Dans six mois, dans un an, je retournerai à Florange », a déclaré François Hollande fin décembre 2012. En une promesse, le chef de l’Etat s’est rendu personnellement comptable du sort de ce site sidérurgique et a fait de son avenir un marqueur de son quinquennat. Fin 2012, l’avenir de Florange a divisé la gauche, passionné le pays et a failli provoquer une crise gouvernementale. Parce que cette histoire résume à la fois l’ambiguïté sur laquelle a été bâtie la victoire présidentielle de François Hollande, qu’elle met en lumière un trait de caractère dominant du chef de l’Etat et qu’elle peut accélérer une coupure déjà amorcée entre l’exécutif et les catégories populaires, cette histoire est loin d’être terminée. Si la tension politique et médiatique autour de Florange s’est calmée avec les fêtes, elle sera réactivée par l’extinction définitive des hauts fourneaux fin mars. L’histoire de Florange charrie tous les éléments propres à lui donner une charge symbolique durable. La question pour l’exécutif est de savoir si le refus de nationaliser Florange agira comme une mèche lente, devenant le symbole d’un certain renoncement à l’instar de la fameuse phrase de Lionel Jospin « l’Etat ne peut pas tout », ou si la volonté d’offrir un symbole à sa gauche poussera le très politique François Hollande à recourir à l’arme de la nationalisation pour une autre entreprise. Quoi qu’il en soit, il y aura donc un avant et un après Florange.