Enfant de l'Ouest parisien, Alexandre Belgrand a grandi à l'ombre des tours de la Défense, au bord de la voie royale qui conduit du Louvre à la Grande Arche et qui sert de frise chronologique à l'histoire de France. Héritier autoproclamé de ce majestueux récit, il rejoint une école de commerce, certain d'intégrer à sa sortie l'élite de la nation. L'un de ses professeurs l'initiera alors à l'histoire secrète de la capitale, avant de le faire entrer au service de l'homme fort de la droite - "le Prince" - en passe de remporter la prochaine présidentielle. Il lui aura fallu, auparavant, parfaire sa formation d'urbaniste au milieu du désert algérien, d'où il assistera, impuissant, au soulèvement des quartiers de l'Est parisien à l'automne 2005. Au soir du 6 mai 2007, il est au Fouquet's, dans le tout premier cercle, prêt à intégrer le cabinet du Prince. Suivront, pour Alexandre, deux années d'alcoolisation heureuse, de travail acharné et d'amitiés nocturnes au coeur du triangle d'or parisien. Il écrira l'un des discours les plus remarqués du Prince, prélude au lancement d'une grande consultation architecturale sur l'avenir de Paris ; c'est lui encore qui imaginera de doter la nouvelle métropole d'un grand métro automatique, le Grand Paris Express. Il aura alors l'orgueil de se croire indestructible. Sa disgrâce, imprévue et brutale, le conduira jusqu'à l'Est maudit de la grande métropole. C'est là que, dans sa quête de plus en plus mystique d'une ville réconciliée, il devra s'enfoncer, accomplissant son destin d'urbaniste jusqu'à son ultime conversion, ainsi qu'il le lui avait été prédit au milieu du désert : "Nous autres, urbanistes, nous parlons aux dieux plutôt qu'aux hommes".
"tout ne sera que dédales de disgrâces, trahisons, orgueils et préjugés. Et c'est précisément dans ces nœuds de vipère que, par-dessus une trame de politique-fiction, Bellanger compose pour de bon le roman-chaos du temps présent : que devient la mission d'un urbaniste quand les politiques n'ont plus l'usage du monde ? Que signifie alors bâtir une civilisation ? Imaginant jusqu'à la conversion (lisez pour voir...) de son protagoniste, il invoque les forces telluriques de l'Histoire, y oppose l'impasse politicienne qui s'est refermée sous «les ruines emmêlées et fumantes du 21 avril 2002 et du 11 septembre 2001». Limpide et cynique en sa première partie, le roman devient possédé et déroutant en progressant : une fiction moderne et pamphlétaire."