La province, affirmait Mauriac, est indispensable au romancier car en elle, la conscience du péché et l'ardeur de la passion subsistent : de là l'orgueilleux sentiment de la vie qui alimente noeuds de vipères ou feux de sainteté.
C'est dans une ville de la province italienne que revient Sergio Ferrero : il franchit le mur de clôture d'un parc, traverse des prairies plantées d'arbres antiques et ombreux, effleure des gloriettes et des massifs, et avec un art de conteur précis, nuancé de murmures, il lève le voile qui entoure le palais néoclassique de San Martino, où s'écoule la vie composite d'une famille. C'est l'époque des années fascistes et de ses tranquilles apparences que ne troublent pas encore les signes annonciateurs de l'imminent incendie. La vie tourne autour d'une vieille dame anglaise au comportement un peu excentrique, de son héritier Pietro, fils gâté, et d'un couple qui lui est lié. Au centre grandit une petite fille à la naissance obscure et discutée, Chiara.
Avec un dosage très sûr d'ombres et de lumières, Ferrero tisse un récit qui est à la fois policier et visionnaire, sans renoncer à l'impitoyable analyse de la décadence d'une famille.