Caractéristique matérielle : Couv. ill. en coul., Dimension : 19, Nbr de pages : 172,
Centre d'intérêt :
Mosel'Lire 2015
Collection :
Neuf
Résumé :
Contrairement à ce que pense ma mère, je n'entreprends pas ce journal aujourd'hui par plaisir, ni parce que j'entre en sixième demain. Je n'ai rien à dire là-dessus. Encore moins sur tous les sujets abordés par la maîtresse dans son long discours d'adieu, en juin dernier : nos «débuts dans l'adolescence», «le temps des secrets», «la transformation du corps», et autres ramassis de niaiseries pour adultes. Je veux parler des raisons pour lesquelles je vais devenir nul. Point à la ligne. Je n'aime pas le mot «nul», mais tout le monde l'emploie. Il faut bien se faire comprendre. En classe, quand on est nul, on est souvent un gros nul. Comme si on devenait obèse à force de se gaver de zéros. Officiellement, donc, en première page de ce journal intime, j'annonce que je rejoins le peuple des mauvais, des médiocres, des besogneux. La bande des gros nuls. Jusqu'à présent, j'étais exactement le contraire. Le genre d'élève à qui les autres - ma grande soeur, surtout - rêvent de flanquer des claques. Dix-neuf de moyenne générale. Pas vingt, pour qu'on ne m'en flanque pas. Cette sorte d'individu qui, le sujet à peine distribué, se met à gratter sa copie d'une traite, la rend une demi-heure avant tout le monde et a, en plus, le droit d'aller chercher un livre dans la bibliothèque de la classe pour tuer le temps en attendant que les autres achèvent péniblement leur travail. Un gros livre. Un livre épais, très au-dessus de mon âge, farci de descriptions. Dans la famille, on se rappelle encore ma seule incursion sous la moyenne. Elle a eu lieu le jour de mon appendicite. Je n'avais pas parlé de mon mal au ventre pour ne pas rater le contrôle de maths. Pourquoi, dès lors, quitter l'Olympe et vouloir dégringoler dans la boue gluante de la nullité ?