" Assises à la table de mah-jong, elles virent Valentine et s'extasièrent. Avec des mots qui faisaient un détour par les sinus, des voix enrouées par des années de Newport mentholées, et des claquements de chewing-gum Juicy-Fruit, elles reprirent: - Non, mais regardez-la ! Elle embellit de jour en jour. - Quel visage ! Je vous demande un peu. Mais quel visage ! - Elle a raison. Ça, c'est un visage. Splendide. Ab-so-lu-ment splendide. - Ma parole, Miriam, tu devrais lui faire faire du cinéma avec un visage pareil. Brelan. J'ai un cousin qui connaît quelqu'un d'important dans les studios. Je vais l'appeler pour toi parce que, vraiment, cette gosse pourrait être une star avec un visage pareil. Je vous pose la question, j'ai pas raison? - Elle a raison. Et quand elle a raison, elle a raison. - les Filles. Les Filles. On joue ou on jacasse? - Tout ce que je dis, c'est que la gamine est superbe. Elle est superbe, oui ou non? - La gosse est superbe. - Mah-jong. " Brooklyn, dans les années 1970, à l'aube de l'âge d'or du disco. Elles sont quatre, elles ont la cinquantaine, elles passent leurs après-midi à jouer au mah-jong. Leurs voisines sont soit juives comme elles, soit catholiques italiennes, ou alors catholiques polonaises. Leurs enfants fréquentent tous le même lycée. Les professeurs y ont des rêves et des espoirs impossibles, les élèves de profonds chagrins d'amour. Ainsi Valentine, adolescente de seize ans qui ressemble comme deux gouttes d'eau à la Vierge Marie...